Les huit sites ont été choisis dans l’aire de répartition actuelle connue de la Vipère péliade (présence avérée de l’espèce, voir figure ci-dessous) afin de mieux appréhender l’éventuelle modification d’occurrence de cette dernière.
Répartition de la Vipère péliade (SHF, 2012)
Les zones échantillonnées sont des tourbières et des landes humides entre 670 et 810 m d’altitude en Creuse et en Corrèze. Dans certains sites les plus bas, une sympatrie avec la Vipère aspic est connue. Ils ont été choisis à la fois dans les sites en zones « marge » et « cœur » indiquées dans le travail de thèse de Michaël Guillon. Le suivi n’intègre pas de sites en zone « out », zone d’absence de la vipère péliade.
Les sites suivis sont gérés – sauf Tigouleix- par le Conservatoire d’Espaces Naturels du Limousin qui vise à conserver les parcelles dans un état favorable à la présence de vipères péliades (maintien des milieux ouverts et des fonds humides). Le dernier site appartient à un adhérent du GMHL, souhaitant conserver ses parcelles en bon état écologique pour l’espèce, qui y effectuera le suivi. La disparition éventuelle de vipères péliades sera donc probablement due à une modification climatique plutôt qu’à une modification d’état des parcelles.
Pour le suivi de la Vipère péliade, chaque « site » de suivi correspond à un cercle d’un kilomètre de rayon au sein duquel sont répartis trois transects. Ces sites englobent des zones de tourbières, de landes humides ou de bocage frais. Ce protocole se base sur le protocole POPReptile adapté par l’Observatoire des Reptiles d’Auvergne (ORA) en collaboration avec le CNRS de Chizé (CEBC) dans le cadre du suivi des vipères péliades dans le Massif Central.
Huit sites ont ainsi été sélectionnés (5 en Corrèze et 3 en Creuse) à partir de la répartition connue de la Vipère péliade en Limousin et avec une homogénéité de répartition selon un gradient altitudinal. Ces sites coïncident autant que possible avec ceux d’autres suivis en milieu humide, notamment avec les sites de suivi de Lézard vivipare, d’affinité climatique similaire.
Situation géographique des sites d’études validés dans le cadre du suivi de la Vipère péliade
Cette étude se base sur un suivi annuel de présence de la Vipère péliade sur 8 sites répartis sur deux départements concernés (Creuse et Corrèze) et couplés à des stations météorologiques.
Les sites sont matérialisés par des cercles d’un kilomètre de rayon et contiennent chacun trois transects de 455 à 670 m localisés dans un habitat favorable homogène au sein du transect. Les transects sont distants d’au moins 200 m et réalisés de manière aléatoire entre le point d’arrivée et de fin, en passant par les zones des plus favorables potentiellement.
Un exemple de situation des transects dans le cadre du suivi de la Vipère péliade sur photographie aérienne
Un exemple de situation des transects dans le cadre du suivi de la Vipère péliade sur carte topographique
Le protocole de suivi se base sur celui développé par l’Observatoire des Reptiles d’Auvergne (ORA), Olivier Lourdais et Michaël Guillon (CEBC) dans le cadre d’un suivi à long terme de l’espèce dans le Massif central (lui-même basé sur le protocole POPReptile 2 : suivis temporels . L’objectif du suivi ORA est double : 1/ Suivre le déplacement potentiel des limites de l’aire de répartition de l’espèce en Auvergne (phénomènes de contraction ou d’expansion, la contraction vers les hautes altitudes étant la plus probable) ; 2/ Evaluer un possible émiettement de la répartition globale de l’espèce (phénomène d’extinctions locales).
L’ensemble des observations sera réalisé à vue uniquement (pas de pose de plaques). L’espèce principalement suivie est la Vipère péliade mais la présence d’autres espèces de reptiles (Lézard vivipare, Vipère aspic, Coronelle lisse, Lézard des souches, etc.) sera également indiquée permettant d’étudier des éventuelles modifications de communauté des reptiles et le rapport de force avec notamment la Vipère aspic. La détermination se fait à vue. L’âge approximatif (adulte ou juvénile) se fait sur la base de la taille des individus. Ainsi, les animaux sont considérés comme adultes lorsqu’ils atteignent 49 cm pour les femelles et 45 cm pour les mâles, la longueur étant mesurée du museau au cloaque . Toutefois, les animaux ne seront pas capturés, la longueur sera donc estimée, de même que l’âge.
Les transects sont suivis à pied, assez lentement pour permettre de bien observer les individus présents. Il n’y a pas de limitation de durée mais le protocole est en cours de mise en place pour établir une durée moyenne.
Actuellement, au total 21 transects sont suivis, soit 11,246 km. Il manque les transects d’un site (Tigouleix) qui restent encore à définir.
Les conditions météorologiques ont un impact important sur la probabilité de détection de l’espèce. Il convient de réaliser les suivis par temps doux ou orageux, peu ou pas venteux. Les températures trop froides, trop chaudes ou la pluie battante sont à éviter. Les animaux peuvent s’observer plus aisément lors de moment couverts voire de faibles précipitations intermittentes lorsque la température est suffisante. Les tranches de température d’observation seront précisées l’année prochaine lors du test du protocole.
Les sites seront suivis trois fois par an au printemps (à partir de début avril jusqu’à juin), les transects d’un même site devant être réalisés dans la même journée. Les sites sont suivis chaque année.
La récolte de données sera réalisée à l’aide de la fiche de relevé standardisée créée par l’Observatoire des Reptiles d’Auvergne et le Centre d’Etudes Biologiques de Chizé.
Trois fiches de renseignements doivent être remplies pour chaque site. La première fiche « Relevé » renseigne les observations de l’espèce pour chaque transect de chaque site et doit être complétée à chaque passage. La deuxième fiche « Typologie des habitats » permet un descriptif général des habitats bordant le transect et doit être remplie chaque année. La dernière fiche « Typologie simplifiée des milieux » décrit l’espace dans une largeur de 3m de part et d’autre du transect et relève plus précisément la présence d’abris et la structure de la végétation.
Fiche Relevé
– Localisation : nom du site, numéro du transect, longueur du transect.
– Observateur : nom du prospecteur.
– Date, heure de début et de fin, numéro de passage sur le transect.
– Météo :
T°: température au début du transect à relever (en degré Celsius).
Vent : nul, légéer, moyen ou fort.
Ciel : ensoleillé, belles éclaircies, nuageux prédominant, très nuageux, orageux, pluvieux ou ciel voilé.
– Contact avec les individus observés :
Espèce.
Age de l’individu observé (adulte/juvénile).
Localisation : 1er/2e/3e tiers du transect ou hors protocole (à positionner).
Fiche Typologie des habitats
Il s’agit de décrire l’habitat dominant sur deux bandes de 30 m de large environ de part et d’autre du transect. La description est réalisée de manière indépendante pour chaque transect du fait du caractère bordier de certains transects. La classification se base sur EUNIS, possédant une structure fondée sur 10 types de milieux.
Fiche Typologie simplifiée des milieux
La fiche vise à mieux définir la nature de l’interface en fonction de 5 types de milieux (linéaire, en mosaïque à végétation haute ou basse, à structuration végétale homogène ou anthropiques).