7. Indicateurs biologiques des lagunes
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7.1 Végétation des lagunes
Rédaction : Kévin Romeyer
Contributeur : Grégory Caze
Les communautés végétales des lagunes du plateau landais hébergent une flore spécifique avec de nombreuses espèces patrimoniales (Caropsis verticillatto-inundata, Littorella uniflora, Drosera intermedia, Luronium natans, etc.) dont certaines à tendance psychrophile (Utricularia minor, Pilularia globulifera). Ces végétations sont adaptées à des sols et eaux pauvres en nutriments et aux fluctuations des niveaux d’eaux qui déterminent leur disposition en ceinture autour de la pièce d’eau . Ainsi, des communautés strictement aquatiques (immergées toutes l’année), terrestres (toujours émergées) et amphibies (immergées seulement une partie de l’année) sont retrouvées. Du fait de ces caractéristiques phyto-écologiques, elles semblent particulièrement sensibles à des épisodes de sécheresses plus intenses (obs. CBNSA). Dans le contexte du changement climatique avec des sécheresses et canicules plus intenses, ces végétations amphibies et aquatiques pourraient disparaître ou se raréfier au profit des végétations strictement terrestres.
Pour identifier et mesurer les effets du changement climatique sur les communautés végétales de lagunes, l’objectif est de suivre dans le temps et dans l’espace : 1- leur structure (types biologiques dominants, hauteur, recouvrement) et 2- leur composition floristique (diversité spécifique, cortèges indicateurs, fréquence relative des espèces, spectre chorologique).
Sélection des sites
Les communautés végétales amphibies et aquatiques des sols et eaux oligotrophes sont peu fréquentes à l’échelle de la région Nouvelle-Aquitaine ; elles sont en revanche bien représentées au sein du plateau landais et de la zone arrière-littorale en Gironde et dans les Landes :
Situation géographique des lagunes du plateau landais inventoriées en 2011
Néanmoins, elles sont souvent mal exprimées et sur de faibles surfaces surtout en linéaires. Elles se retrouvent généralement en bord de routes et pistes forestières dans les fossés et crastes. Elles composent également en grande partie les végétations de lagunes du plateau landais où elles peuvent se développer sur des surfaces importantes. En effet, les profils de pente douce caractéristiques des lagunes en bon état de conservation favorisent une exondation graduelle sur de grandes largeurs. Ainsi, les lagunes forment un milieu privilégié pour étudier et suivre l’évolution de ces végétations typiques. Près de 2000 lagunes sont recensées sur le plateau landais mais la plupart n’abrite pas de communautés végétales amphibies et aquatiques car atterries ou reprofilées pour d’autres utilisations (bassins de rétention, chasse, etc.).
Situation géographique des lagunes visitées pour la flore et les communautés végétales
L’identification des sites de suivi favorables s’appuie d’abord sur l’étude réalisée par le CBN Sud-Atlantique , les données de présence des espèces typiques des lagunes renseignées dans l’Observatoire de la Biodiversité Végétale de Nouvelle-Aquitaine (OBV atlas en ligne : ofsa.fr). Pour l’étude de ce milieu en lien avec le changement climatique, l’indicateur de suivi privilégié est formé par les communautés végétales amphibies relevant de l’Elodo palustris-Sparganion erecti Br.-Bl. & Tüxen ex Oberdorfer 1957) ; leur présence au sein des lagunes à retenir est donc indispensable. D’autre part, la présence de communautés végétales aquatiques relevant de l’Hydrocharition morsus-ranae Rübel ex Klika in Klika & Hada 1944 et Potamion polygonifolii Hartog & Segal 1964 est intéressante pour estimer leur résilience, notamment par rapport aux suivis de populations d’odonates.
En termes de répartition, la sélection devra être représentative des lagunes du plateau landais et spatialement équilibrée afin que d’éventuels gradients nord/sud ou est/ouest puissent être identifiés.
Ensuite, l’utilisation d’indices d’état permet de sélectionner les habitats les plus adéquats pour la mise en place d’un suivi à long terme. Ces indices sont les suivants :
– niveau de dérive trophique faible, basé sur la fréquence relative des espèces eutrophes au sein du tapis végétal (ex: Bidens frondosa, Lemna sp) ;
– atterrissement limité, basé sur le pourcentage de recouvrement de la pièce d’eau en étéet des espèces ligneuses (Frangula alnus, Salix atrocinerea) ;
– envahissement faible par hélophytes, basé sur la fréquence relative et le recouvrement d’espèces compétitives (ex: Schoenoplectus lacustris, Phragmites australis, Cladium mariscus) ;
– diversité végétale élevée, basée sur la richesse spécifique et le nombre de communautés présentes;
– absence ou limitation de perturbations hydrauliques ou physiques: creusement, comblements, fossés de connexion, retournements par faune etc.
Les lagunes du plateau landais étant sensibles aux modifications de régime hydrique (assèchement, surcreusement des lagunes, plantations adjacentes) et à l’eutrophisation liées aux activités anthropiques, elles sont en forte régression ces dernières années et certaines de manières irréversibles . Une attention particulière est apportée à l’absence ou à l’impact réduit de ces facteurs de modifications pour isoler au mieux le facteur climatique par rapport au suivi.
En début 2017 s’est tenue une réunion technique avec plusieurs partenaires du territoire impliqués sur l’étude et le suivi des lagunes à travers le programme les sentinelles du climat ou d’autres programmes (CEN Aquitaine, Conseil Départemental des Landes, CPIE Seignanx-et-Adour, Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne, Réserve Géologique de Saucats-La Brède, Pays Médoc etc.). Cette réunion a permis de mettre en lumière l’ensemble des travaux portant sur la biodiversité des lagunes avec un objectif de mutualisation de certains suivis, de synergie entre suivis et ainsi éviter des doublons contre-productifs. La connaissance des acteurs du territoire a permis d’élaborer une nouvelle sélection de 31 sites potentiellement favorables pour la mise en place de suivis en lien avec le changement climatique.
Parmi ces 31 lagunes, 14 d’entre elles ne disposaient d’aucune donnée sur la flore et les communautés végétales présentes et ont fait l’objet d’un diagnostic par le CBN Sud-Atlantique, cela dans le but de statuer sur la pertinence d’un suivi pour ces lagunes. Une réunion-bilan entre Cistude Nature, le CBN Sud-Atlantique et le CEN Aquitaine tenue à l’automne 2017 a permis d’affiner la sélection en écartant certains des sites non favorables pour des suivis de communautés végétales et/ou de populations d’odonates.
En 2017, 2 lagunes ont fait l’objet d’une mise en place de dispositifs de suivi et d’une première lecture (lagune Troupins et lagune de Cagaouille). Ce faible nombre de suivis réalisés est lié à la nécessité de diagnostiquer les lagunes potentielles avant une possible mise en place, elle-même dépendante de l’animation foncière à opérer pour rendre le suivi pérenne. La période optimale relativement courte pour réaliser l’ensemble du processus a conduit à reporter la validation définitive des sites et la mise en place des dispositifs en 2018.
Les caractéristiques de chaque site de lagune suivi (commune, superficie, statut, propriétaire, structures de suivi etc.) seront détaillées dans un futur rapport (2018).
Définition et positionnement des points d'échantillonnage
La disposition des végétations de lagunes suivant un gradient hydrique d’exondation et les hypothèses en lien avec les évolutions climatiques étant d’observer des glissements d’espèces et de communautés végétales, un dispositif de suivi sécant aux différentes ceintures de végétations est privilégié. Les principes d’échantillonnage établis pour l’évaluation de l’état de conservation dans le cadre du suivi des HIC, à travers un système de transect orienté perpendiculairement aux ceintures de végétations et lu au moyen de quadrats de 1m de côté , sont conservés car compatibles quant aux paramètres mesurés.
Ce type de dispositif permet à la fois une étude diachronique de la lagune, pour suivre dans le temps et dans l’espace la dynamique évolutive de la végétation ; et une étude synchronique pour décrire l’organisation spatiale des groupements dans l’espace.
La répartition spatiale des communautés végétales étant surtout expliquée par les gradients topographique et hydrique, le transect est orienté du centre de la pièce d’eau (zone la plus profonde) vers la marge complètement exondée en répondant aux critères suivants :
– échantillonner la diversité phytocénotique : le transect doit prendre en compte les différentes situations écologiques majoritairement rencontrées sur la lagune ;
– choisir le transect le plus long possible (pente faible) pour apprécier la végétation dans son expression optimale ;
– éviter les situations atypiques : les zones suivies doivent être relativement indicatrices du fonctionnement écologique de la lagune.
Dans l’objectif d’un suivi à moyen/long terme (plusieurs décennies) et afin d’assurer la relocalisation précise et la pérennité du dispositif, le transect est délimité par 2 piquets fixes en bois imputrescible (ex : robinier) en évitant les zones soumis à contraintes (coupe, passage d’engins, niveau d’eau trop élevé). Le premier est placé dans la zone externe de la lagune et le second à la limite moyenne des eaux en période estivale, repérable à la zone amphibie de bas-niveau :
Schéma de positionnement du transect et des quadrats sur la lagune
Pour ne pas attirer l’attention et éviter toute dégradation du dispositif, les piquets doivent être enterrés profondément et ne dépasser que de quelques dizaines de centimètre de la surface du sol. Le géoréférencement du transect est déterminé sur le terrain par les coordonnées GPS de ses repères fixes. Dans le cas où le transect s’avère plus long que la distance entre les repères fixes, celui-ci est prolongé au moyen de repères temporaires (piquets en bois), positionnés exactement dans le prolongement des repères fixes à l’aide d’un appareil de visée. Le temps de la lecture, le transect est matérialisé par un décamètre tendu entre les deux piquets temporaires, au ras du sol.
La durée de mise en place et de relocalisation du transect sur une lagune est estimée autour de 15 à 30 minutes. La durée de lecture des quadrats le long du transect dépend de la longueur du transect et du nombre de quadrats de fréquence, elle n’est pas limitée et peut être estimée entre 10 à 20 minutes par quadrats.
Les caractéristiques de chaque transect de lagune mis en place sont présentées dans le tableau ci-dessous. Ce tableau synthétise, par site, le code du suivi utilisé, le type de dispositifs, leur longueur respective avec le nombre de quadrats de fréquence utilisés. Pour les transects, les coordonnées GPS sont relevées et correspondent aux repères fixes mis en place, la longueur du transect relu peut donc être plus grande ou plus petite que la distance entre les repères fixes.
Caractéristiques des dispositifs de suivi de lagunes par site
Méthodes de relevés et détermination des espèces
Deux méthodes complémentaires de suivi des lagunes, développées pour l’évaluation de l’état de conservation, sont retenues. Cela permettant d’avoir une vision globale du site et de détecter de façon fine les variations floristiques :
– méthode descriptive sans matérialisation de la lagune : inventaire floristique exhaustif, liste des végétations avec forme et recouvrement respectifs et diagnostic des perturbations,
– méthode par transect avec matérialisation de la lagune : suivi fin de l’évolution des communautés végétales (composition, hauteur, recouvrement) et du complexe lagunaire.
Le protocole descriptif consiste en la réalisation d’un inventaire floristique exhaustif sur l’emprise de la lagune couplé à un relevé symphytosociologique permettant de proportionner les différentes communautés. En plus, un diagnostic des perturbations (hydrauliques, trophiques, physiques, envahissement par hélophytes compétitives) sur le site est opéré.
La prise de photo est conseillée pour une aide à l’interprétation et garder une vision du site lors des différentes lectures.
Le protocole descriptif consiste en la réalisation d’un inventaire floristique exhaustif sur l’emprise de la lagune couplé à un inventaire des végétations présentes permettant de proportionner les différentes communautés sur la lagune. En plus, un diagnostic des perturbations (hydrauliques, trophiques, physiques, envahissement par hélophytes compétitives) sur le site est opéré.
Le suivi des lagunes par transect s’effectue au moyen de quadrats de 1m de côté subdivisés en 4 quadrats élémentaires de 25cm de côté :
Schéma de l’organisation des quadrats élémentaires au sein d’un quadrat de fréquence pour les lagunes
Le nombre de quadrats est adapté aux caractéristiques de la lagune (diversité de communautés végétales, taille de la lagune). Ils sont répartis le long du transect à intervalles réguliers. Cet intervalle (n), mesuré à partir du centre du quadrat, est variable en fonction de la longueur du transect et du nombre de quadrats choisis. En moyenne, un intervalle de 1m entre 2 quadrats est préconisé. Une fois défini, cet intervalle ne doit en aucun cas varier entre les différentes lectures. Le premier quadrat est disposé au pied du repère fixe le plus élevé (marge de la lagune), et orienté vers le centre de la lagune. La position des autres quadrats sera déduite par celle du premier à l’aide du décamètre.
Pour chacun des quadrats, le recouvrement des strates (précision 5%), la hauteur de biomasse (précision 5 cm) et les caractéristiques abiotiques (niveau d’eau, surface de sol nu) sont notés et un relevé exhaustif de la flore avec estimation du recouvrement des espèces (précision 5%) est réalisé au sein de 4 quadrats élémentaires de 25cm. En plus, un relevé complémentaire est réalisé, en présence/absence, à l’échelle du quadrat pour noter les espèces non contactées dans les quadrats élémentaires.
Pour conserver une vision physionomique du site, et aider dans l’interprétation des données et dans la relocalisation des dispositifs, des photos avec prises de vue du départ, de l’arrivée et si possible de l’ensemble du transect sont réalisées, ainsi que pour chaque communauté observée. En plus, des photos de chaque quadrat, dans l’ordre de lecture, doivent être prises.
La détermination des espèces végétales non-identifiées peut s’effectuer directement sur le terrain à l’aide d’une flore et d’une loupe (x10 minimum). Dans le cas de critères délicats à appréhender in situ, l’identification se fera ultérieurement en laboratoire, avec un matériel adéquat (loupe binoculaire, microscope…), sur des échantillons prélevés si possible hors de la zone d’étude. Concernant les espèces rares ou protégées, la détermination devra se faire autant que possible sur photos ou in situ sans prélèvement.
Pour l’étude des lagunes du plateau landais, le champ d’investigation taxonomique concerne uniquement les spermatophytes et ptéridophytes, excluant donc les bryophytes et lichens trop complexes à appréhender. Le référentiel taxonomique suivi est la version la plus récente de TaxRef (actuellement version 9, ).
Les flores utilisées sont diverses :
– Flora Gallica ,
– Flore du Pays Basque et des régions limitrophes ,
– Flore descriptive et illustrée de la France, de la Corse et des contrées limitrophes (Tomes 1 à 3) ,
– Flore de France méditerranéenne continentale ,
– Les fougères et plantes alliées de France et d’Europe occidentale .
Le référentiel syntaxonomique des végétations utilisé est celui du CBNSA, version du 19/09/2017 .
Pour la mise en place et la lecture des placettes de lagunes, le matériel requis est le suivant :
– 2 Piquets en bois fendu imputrescible (ex : robinier) ;
– appareil GPS (GPS submétrique si possible) ;
– piquets fins en bois (2 minimum) ;
– corde tressée ou rubalise (120 m minimum) ;
– marteau et masse ;
– quadrats en plastique ou PVC (1 m de côté) ;
– décamètre (50 m) ;
– conductimètre ;
– appareil de visée ;
– appareil photo ;
– scie égoïne.
Période optimale de suivi
Les végétations des lagunes connaissent leur optimum phénologique assez tardivement entre début août et fin septembre ; c’est-à-dire la période durant laquelle la majorité du cortège floristique est en floraison. Afin de noter et pouvoir identifier le maximum d’espèces, les inventaires et suivis doivent s’effectuer durant cette période . En cas d’année particulièrement sèche avec des précipitations faibles en hiver et au printemps, une lecture dès le mois de juillet est envisageable. En 2017, les dates de diagnostics et de lecture des dispositifs étaient du 9 au 28 septembre.
Nombre de campagne de relevé
Une seule campagne de relevés est réalisée pour chaque année de suivi. En effet, la quasi-totalité du cortège floristique étant observable dans le cas d’une lecture pendant la période phénologique optimale, la réalisation de plusieurs campagnes n’offre qu’un intérêt marginal pour le contact d’espèces décalées phénologiquement (ex : Ranunculus gr. batrachium) mais souvent toujours visibles à l’optimum du cortège.
Les végétations des lagunes et leur agencement résultent d’un blocage dynamique dû à la période d’immersion prolongée ; par définition, elles sont donc très peu dynamiques en absence de perturbations d’origine anthropiques directes (surcreusement, assèchement, eutrophisation). Néanmoins, elles peuvent être impactées en cas d’aléas climatiques extrêmes (forte sécheresse, canicule etc.) répétés plusieurs années de suite. Pour ces raisons, le délai entre chaque campagne de suivis est fixé à 3 ans, soit 2017-2018 et 2020. En fonction des premières analyses et retours d’expérience, ce délai pourra être rehaussé. En effet, les impacts du changement climatique sur ces milieux intervenant à une échelle de temps plus large, des suivis trop rapprochés ont peu d’intérêt.
Fiche de relevé
Pour le suivi des lagunes, une fiche de renseignement par transect est conçue. Elle reprend les différentes informations à renseigner :
– localisation et caractéristiques du transect,
– proportion des différentes communautés végétales (largeur),
– relevés floristiques et informations physionomiques par quadrat.
En plus, une fiche descriptive par lagune renseigne les informations suivantes :
– caractéristiques générales de la lagune,
– perturbations éventuelles,
– relevés phytosociologiques complémentaires,
– relevé floristique exhaustif,
– relevé symphytosociologique.
Résultats et états de référence
En ce qui concerne le volet flore et végétations des suivis de lagunes, le premier objectif était de faire un diagnostic des sites potentiels définis (§ 5.7.1) avant une possible validation et mise en place des dispositifs de suivi. Les résultats synthétiques de cette campagne d’évaluation sont présentés ci-dessous par lagune.
Lagune de Coucut (Sanguinet)
Végétations d’intérêt observées sur le site :
– Gazons amphibies relevant de l’Elodo – Sparganion erecti assez bien exprimés avec une communauté de bas niveau nettement engorgé et une communauté de niveau moyen plus ou moins exondée ;
– Gazon paratourbeux à Agrostis canina relevant du Juncion acutiflori mais plutôt mal exprimé ici;
– Herbier aquatique oligotrophile à Potamogeton polygonifolius pouvant relever du Potamion polygonifoli plus ou moins bien exprimé.
Flore d’intérêt observée sur le site :
– Caropsis verticillato-inundata;
– Baldellia repens.
Bilan : Lagune favorable à un suivi des communautés végétales.
Lagune de Bétrède (Sabres)
Végétations d’intérêt observées sur le site :
– Gazon amphibie relevant de l’Elodo – Sparganion erecti relictuel occupant moins de 5% de la surface de la lagune.
– Gazon paratourbeux à Agrostis canina relevant du Juncion acutiflori occupant une surface assez importante mais plutôt mal exprimé et très eutrophisé;
– Herbier aquatique oligotrophile pouvant relever du Potamion polygonifoli relictuel et mal exprimé.
Flore d’intérêt observée sur le site :
– Luronium natans.
Bilan : Lagune défavorable à un suivi des communautés végétales.
· Lagune de la Yaougue (Trensacq)
Végétations d’intérêt observées sur le site :
– Gazons amphibies relevant de l’Elodo – Sparganion erecti assez fragmentés avec une communauté de bas niveau nettement engorgé relictuelle et une communauté de niveau moyen plus ou moins exondée mieux exprimée ;
– Gazon paratourbeux à Agrostis canina relevant du Juncion acutiflori plus ou moins bien exprimé ici;
Flore d’intérêt observée sur le site :
– Caropsis verticillato-inundata;
– Baldellia repens.
Bilan : Lagune plutôt défavorable à un suivi des communautés végétales.
Lagune de la Tapy (Vert)
Végétations d’intérêt observées sur le site :
– Gazon amphibie relevant de l’Elodo – Sparganion erecti avec une communauté de niveau moyen exondée bien exprimée sur une surface importante ;
– Gazon amphibie annuel plutôt mésotrophile pouvant être rattaché aux Juncetea bufonii Foucault 1988, occupant une grande surface ;
– Gazon paratourbeux à Agrostis canina relevant du Juncion acutiflori plutôt bien exprimé ici.
Flore d’intérêt observée sur le site :
– Ludwigia palustris ;
– Eleocharis acicularis.
Bilan : Lagune favorable à un suivi des communautés végétales.
Lagune de Cardin (Brach)
Végétations d’intérêt observées sur le site :
– Gazons amphibies relevant de l’Elodo – Sparganion erecti avec une communauté de niveau moyen relictuelle ;
– Gazon paratourbeux à Agrostis canina relevant du Juncion acutiflori occupant une surface assez importante mais paucispécifique ;
Aucune espèce d’intérêt observée sur ce site.
Bilan : Lagune défavorable à un suivi des communautés végétales.
Lagune de lompre (Losse)
Végétations d’intérêt observées sur le site :
– Gazons amphibies relevant de l’Elodo – Sparganion erecti assez fragmentés et exprimés sur une faible surface ;
– Gazon paratourbeux à Agrostis canina relevant du Juncion acutiflori plus ou moins bien exprimé ici;
– Herbier aquatique oligotrophile pouvant relever du Potamion polygonifoli et herbier flottant relevant de l’Hydrocharition morsus-ranae bien exprimée dans zone surcreusée à proximité.
Flore d’intérêt observée sur le site :
– Utricularia australis ;
– Baldellia repens.
Bilan : Lagune plutôt défavorable à un suivi des communautés végétales.
Landes de Mouchon (Lanton)
Végétations d’intérêt observées sur le site :
– Gazons amphibies relevant de l’Elodo – Sparganion erecti avec une communauté de bas niveau nettement engorgé exprimée sur une surface réduite et une communauté de niveau moyen plus ou moins exondée mieux exprimée ;
– Gazon paratourbeux à Agrostis canina relevant du Juncion acutiflori occupant une surface assez importante mais quelque peu eutrophisé;
– Herbier aquatique oligotrophile pouvant relever du Potamion polygonifoli bien exprimé sur la majeure partie de la surface en eau;
– Herbier aquatique à Nymphaea alba bien exprimé sur une zone restreinte du plan d’eau.
Flore d’intérêt observée sur le site :
– Myriophyllum alternifolium.
Bilan : Lagune favorable à un suivi des communautés végétales.
Lagune de Mareuilh (Saucats)
Lagune fortement atterrie ne présentant aucune végétations d’intérêt.
De même, aucune espèce d’intérêt n’a été observée sur ce site.
Bilan : Lagune défavorable à un suivi des communautés végétales.
Lagune du Sorbier (Saint-Médard-en-Jalles)
Végétations d’intérêt observées sur le site :
– Gazons amphibies relevant de l’Elodo – Sparganion erecti avec une communauté de niveau moyen mal exprimée ;
– Gazon paratourbeux à Agrostis canina relevant du Juncion acutiflori mais paucispécifique et fragmenté ;
– Herbier aquatique à Nymphaea alba.
Aucune espèce d’intérêt observée sur ce site.
Bilan : Lagune plutôt défavorable à un suivi des communautés végétales.
Lagunasse (Saint-Médard-en-Jalles)
Végétations d’intérêt observées sur le site :
– Gazons amphibies relevant de l’Elodo – Sparganion erecti avec une communauté de niveau moyen plus ou moins exondée bien exprimée ;
– Gazon paratourbeux à Agrostis canina relevant du Juncion acutiflori bien exprimé et occupant une surface assez importante ;
Flore d’intérêt observée sur le site :
– Caropsis verticillato-inundata ;
– Drosera intermedia.
Bilan : Lagune favorable à un suivi des communautés végétales.
Lagune des Layats (Louchats)
Végétations d’intérêt observées sur le site :
– Gazons amphibies relevant de l’Elodo – Sparganion erecti avec une communauté de bas niveau relictuelle et une communauté de niveau moyen mal exprimée et occupant une surface réduite ;
– Gazon paratourbeux à Agrostis canina relevant du Juncion acutiflori occupant une grande surface mais paucispécifique ;
Aucune espèce d’intérêt observée sur ce site.
Bilan : Lagune défavorable à un suivi des communautés végétales.
Lagune de Gaudole (Bourriot-Bergonce)
Végétations d’intérêt observées sur le site :
– Gazons amphibies relevant de l’Elodo – Sparganion erecti avec une communauté de niveau moyen mal exprimée et occupant une surface très réduite ;
– Gazon paratourbeux à Agrostis canina relevant du Juncion acutiflori occupant une grande surface mais paucispécifique et eutrophisée ;
Aucune espèce d’intérêt observée sur ce site.
Bilan : Lagune plutôt défavorable à un suivi des communautés végétales.
Lagune de Troupins (Cabanac-et-Villagrains)
Végétations d’intérêt observées sur le site :
– Gazon amphibie relevant de l’Elodo – Sparganion erecti avec une communauté de niveau moyen exondée assez mal exprimée ;
– Gazon amphibie annuel plutôt mésotrophile pouvant être rattaché aux Juncetea bufonii, occupant une surface assez importante ;
– Gazon paratourbeux à Agrostis canina relevant du Juncion acutiflori plutôt mal exprimé ici et paucispécifique.
– Herbier flottant relevant de l’Hydrocharition morsus-ranae assez bien exprimé.
Flore d’intérêt observée sur le site :
– Utricularia australis ;
– Baldellia repens ;
– Cyperus fuscus.
Bilan : Lagune favorable à un suivi des communautés végétales.
Lagune de Cagaouille (Losse)
Végétations d’intérêt observées sur le site :
– Gazon amphibie relevant de l’Elodo – Sparganion erecti avec une communauté de niveau moyen exondée plus ou moins bien exprimée ;
– Gazon paratourbeux à Agrostis canina relevant du Juncion acutiflori plutôt bien exprimé ici et occupant une surface assez importante.
– Communauté de bas-marais tourbeux à Carex lasiocarpa bien exprimée et occupant une surface importante.
Flore d’intérêt observée sur le site :
– Caropsis verticillato-inundata;
– Baldellia repens;
– Pilularia globulifera;
– Luronium natans;
– Carex lasiocarpa.
Bilan : Lagune favorable à un suivi des communautés végétales.
Suite à la réalisation de ces diagnostics de sélection, les deux dernières lagunes présentées (Lagune de Troupins et de la Cagaouille) ont pu être validées et faire l’objet d’un suivi selon les principes exposés plus haut.
L’objectif dans ce cadre était d’avoir un état de référence sur la structure, la composition floristique et la dynamique des communautés végétales pour chaque site. Les travaux sur ces lagunes en 2017 étaient donc consacrés :
– à la mise en place et au géoréférencement des dispositifs de suivi ;
– au test des protocoles sur le terrain ;
– à une première lecture standardisée ;
– à l’inventaire floristique des sites ;
– à l’inventaire des végétations des sites.
Faute de temps, les données récoltées n’ont pas pu être mises en forme et exposées ici. Les résultats de la lecture 2017 et de l’inventaire des végétations pour les 2 lagunes suivies seront présentés dans le rapport 2018 qui compilera les résultats et états de référence pour un plus grand nombre de sites.
Discussion et prespectives de suivi
La campagne de visites des lagunes potentiellement intéressantes pour suivre les effets du changement climatique sur les communautés végétales amphibies a montré la difficulté à trouver des systèmes en bon état de conservation. En effet, de nombreuses lagunes témoignent d’une anthropisation importante (surcreusement, eutrophisation, assèchement) qui a fortement contribué à réduire l’expression optimale de ces communautés en termes de cortège et de surface.
Toutefois, plusieurs lagunes s’avèrent favorables pour la mise en place de suivis à long terme et la sélection sera affinée en 2018.
Les protocoles énoncés semblent assez précis et adaptés pour répondre à la problématique de l’évolution des communautés par rapport au changement climatique car ils intègrent plusieurs échelles spatiales (quadrats de fréquence et transect) permettant la détection de variations floristiques et structurales au sein de ces communautés liées à la modification du gradient hydrique et de l’engorgement. Toutefois, des réflexions sont en cours pour éviter la notation systématique des recouvrements d’espèces au sein des quadrats élémentaires, variables subjectives et peu informatives statistiquement, mais doubler le nombre de ces quadrats (8 au lieu de 4) et noter seulement la présence/absence des espèces pour obtenir une meilleure estimation de leurs fréquences , par ailleurs corrélées en grande partie à leur recouvrement au sein du quadrat de fréquence.
Une bonne estimation du niveau d’exondation des lagunes apporterait une information substantielle aux suivis des communautés végétales et du cortège d’odonates. Le développement de méthodes de mesures fiables est actuellement à l’étude (photogrammétrie par drone avec plusieurs passages, hauteur d’eau par piquets fixes, etc.) pour relever au mieux ce paramètre structurant.
Dans le cas des communautés végétales de lagunes, les analyses statistiques et la modélisation des effets du changement climatique porteront sur plusieurs aspects :
– tout d’abord, le glissement des communautés végétales des ceintures externes vers le centre de la lagune, revenant à évaluer les différences de largeur de ceinture de chaque communauté ;
– ensuite, la régression et/ou disparition des espèces strictement aquatiques et amphibies ou d’affinités boréales ;
– enfin, la fréquence relative d’espèces plus mésotrophiles, traduisant un enrichissement trophique des systèmes.
Une analyse des traits de vie des espèces et de leur spectre chorologique pour chaque site permettra, en lien avec les scénarios climatiques du GIECC , de préciser la résilience des espèces présentant une sensibilité négative (diminution de la fréquence, extinction locale) et des systèmes lagunaires dans la région.
L’existence d’un réseau de suivi des lagunes du plateau landais, développé dans le cadre d’autres programmes et par d’autres structures (Natura 2000, PNR Landes de Gascogne, Conseil Départemental des Landes, ONF), forme un appui intéressant en termes historique avec des données floristiques depuis 2003 sur certaines lagunes . En effet, l’intégration des données acquises à travers ce réseau pour des analyses et modélisation apporterait une robustesse plus importante. Cette démarche devra toutefois être approfondie par rapport à la compatibilité des protocoles, et discutée avec les gestionnaires des suivis.
En 2018, le travail sur les communautés végétales de lagunes se concentrera sur la mise en place de dispositifs de suivi sur de nouveaux sites, l’objectif étant d’avoir une quinzaine de lagunes réparties sur l’ensemble du plateau landais. Des réflexions sur la pertinence et la possibilité d’un suivi de systèmes affines aux lagunes, comportant des espèces et communautés amphibies oligotrophiles d’intérêt, seront lancées dans les ex-régions Limousin et Poitou-Charentes.
Par ailleurs, des réflexions sont en cours sur la possibilité de suivre un plus grand nombre de lagunes, à travers des paramètres simples à relever et sans matérialisation (présence ou absence d’espèces ou végétations cibles), selon un échantillonnage aléatoire spatialement équilibré de type GRTS (Generalized Random Tesselation Stratified) . Ces suivis complémentaires aux suivis par transect permettraient d’obtenir des réponses représentatives des communautés végétales de lagunes à l’échelle du plateau landais en lien avec les conditions macroclimatiques.
7.2 Odonates
Rédaction : Gilles Bailleux, Pierre-Yves Gourvil, David Soulet
De par leur répartition limitée (Landes de Gascogne) et la présence d’espèces animales et végétales particulières et souvent patrimoniales, les lagunes constituent un habitat remarquable en Nouvelle-Aquitaine. Leur genèse fait encore aujourd’hui l’objet de recherches. Deux hypothèses principales ont été émises sur leur origine. Les lagunes ont longtemps été considérées comme le résultat de l’effondrement de buttes cryogènes de l’ère glaciaire. La fonte des lentilles de glace souterraines suite au réchauffement du climat aurait provoqué l’affaissement du terrain, formant ainsi une lagune. Toutefois, la datation de certains horizons pédologiques organiques sous une lagune étudiée dans les Landes indique une date de formation trop récente (2230 ±30 ans avant notre ère) contredisant cette hypothèse, au moins pour la lagune étudiée. Une origine karstique des lagunes a alors été formulée, mettant en évidence une similarité morphologique entre les dolines et les lagunes (dépressions circulaires). Les lagunes seraient alors le résultat de la dissolution des calcaires superficiels, provoquant un affaissement circulaire du sol . Elles abritent un cortège odonatologique particulier car lié à ce type d’habitat et incluant des espèces rares et patrimoniales, dont trois espèces de leucorrhines : Leucorrhinia albifrons (Burmeister, 1839), Leucorrhinia caudalis (Charpentier, 1840) et Leucorrhinia pectoralis (Charpentier, 1825). Ces espèces aux affinités boréo-montagnardes sont en limite sud-ouest de leurs aires de répartition dans les Landes de Gascogne. D’après la Liste rouge des odonates d’Aquitaine , elles sont considérées régionalement :
– en danger critique d’extinction pour caudalis ;
– vulnérable pour pectoralis ;
– quasi-menacée d’extinction pour L. albifrons.
Répartition européenne (Dijkstra, 2007) et en Aquitaine de Leucorrhinia albifrons
Répartition européenne (Dijkstra, 2007) et en Aquitaine de Leucorrhinia caudalis
Répartition européenne (Dijkstra, 2007) et en Aquitaine de Leucorrhinia pectoralis
Ces espèces, en particulier L. albifrons et L. caudalis, et leur cortège associé aux habitats des lagunes sont pressentis comme pouvant être impactés par le changement climatique. En effet, la plupart des odonates dépendent étroitement de certaines conditions abiotiques de leurs habitats (température de l’eau, teneur en oxygène, et disponibilité en eau douce et ces paramètres sont pressentis comme pouvant être modifiés par le changement climatique. Les odonates, de par leur cycle de vie court, comme la plupart des insectes, et la relation étroite qu’ils ont avec les habitats naturels, montrent donc des réponses fortes aux changements climatiques sur un laps de temps réduit . Plusieurs espèces d’odonates peuvent être citées, dont la progression de leur aire de répartition vers le nord est potentiellement reliée à des changements climatiques. Ainsi, depuis 1950, plusieurs espèces d’origine afrotropicales sont notées dans le sud de l’Espagne. Les inventaires et suivis menés dans ce pays ont permis de mettre en évidence une remontée progressive de la répartition de certaines d’entre elles vers le nord du pays . Le Trithémis annelé (Trithemis annulata) fait partie de ces espèces. Connu dans le sud de l’Italie et découvert en 1978 dans le sud de l’Espagne, son aire de répartition ne cesse de progresser vers le nord en longeant les côtes atlantiques et méditerranéennes . En Aquitaine, l’espèce est maintenant bien répartie sur la plupart des départements .
Par ailleurs, les insectes – les odonates ne font pas exception – sont considérés comme de bons marqueurs des modifications environnementales et sont donc des modèles pertinents pour ce programme :
– des cycles de vie généralement brefs entraînant une visibilité accrue de tout changement populationnel,
– une mobilité réduite et donc une vulnérabilité importante des larves pouvant entraîner localement des changements rapides et sensibles des cortèges,
– des capacités de déplacements importantes des adultes leur permettant une réactivité élevée pour des changements d’aires de répartition (progressions ou régressions),
– une relation étroite avec les habitats naturels et une réactivité aux évolutions climatiques documentée .
L’objectif de l’étude est d’évaluer la réponse du cortège odonatologique des Landes de Gascogne face au changement climatique. Comme indiqué précédemment, une modification spatio-temporelle du cortège odonatologique des lagunes est pressentie. Le programme a pour objectifs de déterminer les impacts potentiels du changement climatique sur ce dernier mais aussi d’identifier différents scénarios de répartition des espèces et de structure des assemblages.
Sélection des sites
En 2016, 25 sites avaient été présélectionnés en concertation avec les principaux acteurs présents sur le territoire aquitain : Conseil départemental des Landes et de Gironde, Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne. Les critères de présélection des sites étaient les suivants (non cumulatifs) :
– qualité de l’habitat : berges en pentes douces, présence d’herbiers aquatiques (scirpes et potamots), eaux stagnantes oligotrophes acides et absence de perturbations majeures (assèchement, cultures, pollutions, piétinement par le gibier, présence d’espèces exogènes, etc.). Ces critères caractérisent les habitats favorables pour les leucorrhines ;
– gestion écologique constante ;
– stations connues à leucorrhines : les données de leucorrhines utilisées sont issues de la synthèse réalisée pour le Plan Régional d’Actions en faveur des Odonates d’Aquitaine et du pré-atlas des odonates d’Aquitaine ;
– répartition spatiale homogène sur le territoire des Landes de Gascogne (notamment afin d’obtenir un gradient sud – nord) ;
– accessibilité du site ;
– maitrise foncière publique ou privée avec convention.
Les critères concernant la qualité de l’habitat et celui de la présence de populations de leucorrhines sont fondamentaux. Le nombre de sites n’intégrant pas ces 2 critères est important (10 / 25). Le critère floristique (nécessaire pour l’intégration au suivi de la végétation des lagunes mis en place par le CBNSA) n’est pas déterminant pour la présence du cortège des odonates et notamment des leucorrhines, puisque des lagunes non favorables pour la flore peuvent abriter des populations importantes.
Le refus de certains propriétaires ou de gestionnaires réalisant déjà des suivis odonates semi-protocolisés sur les sites (et ne souhaitant pas participer au programme) a limité encore d’avantage cette liste de sites potentiels. Il a donc été nécessaire de réaliser une révision des critères de sélection.
Afin de limiter les recherches et de s’appuyer sur le réseau d’acteurs locaux, une réunion d’échange organisé par le CBNSA et Cistude Nature regroupant de nombreux partenaires (le Conseil Départemental des Landes, le PNR des Landes de Gascogne, le CBNSA, la RNG Saucats-La Brède, le CPIE Seignanx-Adour, l’université de Bordeaux, la FDAAPPMA 33, le SIAEBVELG, le SMIDDEST et la DREAL Nouvelle-Aquitaine) a permis de mutualiser les connaissances sur les lagunes favorables au programme en Aquitaine. Combiné à une nouvelle analyse des données de leucorrhines (données acquises dans le cadre du Plan Régional d’Actions en faveur des odonates d’Aquitaine), une sélection de 31 sites a été proposée pour 2017.
Les 31 sites ont fait l’objet d’une visite de terrain par un expert odonatologue (CEN Aquitaine) pour évaluer l’intérêt pour le cortège des odonates de lagunes, et par un expert botaniste (CBNSA) pour évaluer l’intérêt de l’intégration de ces sites dans le suivi floristique des lagunes.
Ces 2 visites de terrain ont montré la difficulté à faire coïncider l’intérêt botanique (notamment concernant les différents gazons amphibies) et l’intérêt odonatologique (effectifs importants, diversité en espèces et population de leucorrhines).
Après discussion entre le CBNSA, le CEN Aquitaine et Cistude Nature, il a été convenu que les sites favorables au suivi des odonates des lagunes ne devaient pas obligatoirement être combinés avec le suivi floristique des lagunes. Les sites de suivis des odonates présentant une flore typique de lagune en bon état de conversation feront l’objet du suivi « Végétation des lagunes » par le CBNSA. Dans le cas contraire, une simple visite du CBNSA sera effectuée tous les deux à trois ans pour évaluer l’évolution de l’habitat.
Sur les 31 sites présélectionnés en 2017, 20 sites sont validés et à valider :
Situation géographique des sites de suivis odonates
Sur les 31 sites présélectionnés en 2017, 11 ne sont pas favorables pour la mise en place du suivi des odonates des lagunes (critère qualité de l’habitat non compatible avec le suivi ou refus des propriétaires). Les sites sont brièvement décrits ci-dessous.
Sites favorables
![]() Lagune des Troupins (Cabanac-et-Villagrains, 33) Suivi odonates : Oui La convention avec le propriétaire est signée. |
![]() Lagune des Layats (Louchats, 33) Suivi odonates : Oui La lagune présente des populations de Leucorrhinia albifrons et de L. pectoralis (autochtone). |
![]() Suivi odonates : Oui Ce site est favorable pour la mise en place d’un suivi des odonates (observation régulière de Leucorrhinia albifrons) et d’un suivi de la flore dans le cadre du protocole « Végétation des lagunes ». |
Suivi odonates : Oui Propriété de la commune de Hourtin, et identifiée dans le cadre du Plan Régional d’Actions en faveur des Odonates (PRAO), la lagune fait l’objet d’une convention avec le CEN. La commune a donné son accord pour que la lagune soit suivie dans le cadre du programme « les sentinelles du climat ». |
Suivi odonates : Oui Ce site a été identifié par le Conseil Départemental des Landes. Il présente une importante population de L. albifrons autochtone. |
Suivi odonates : Oui Ce site fait partie du programme de sauvegarde des lagunes du Conseil Départemental des Landes. |
Suivi odonates : Oui Ce site est géré par la Fédération des Chasseurs des Landes. Il est favorable à la mise en place d’un suivi des odonates (présence de L. albifrons) et d’un suivi de la flore. Il fait déjà l’objet d’un suivi odonates par le CPIE Seignanx-Adour. Ce site peut également convenir pour le suivi floristique des tourbières par le CBNSA. |
Suivi odonates : Oui Le site est favorable à la mise en place d’un suivi des odonates (données anciennes (2005) de L. albifrons et L. pectoralis) et d’un suivi de la flore (gazons amphibies diversifiés). Il fait déjà l’objet d’inventaires des odonates par le CPIE Seignanx-Adour. |
Suivi odonates : Oui Il est favorable à la mise en place d’un suivi odonates (présence de L. albifrons et L. pectoralis). Il fait déjà l’objet d’un suivi odonates par le CPIE Seignanx-Adour. |
Suivi odonates : Oui La lagune est favorable à la mise en place d’un suivi des odonates. Toutefois, la lagune recreusée ne permet pas l’expression du cortège de gazon (le gazon suivi préférentiellement n’est pas présent). Un relevé phytosociologique sera donc réalisé tous les 2-3 ans. |
Suivi odonates : Oui Identifiée par le CEN Aquitaine dans le cadre du PRAO, la lagune est favorable à la mise en place d’un suivi des odonates (population de Leucorrhinia albifrons autochtone). La végétation n’est pas typique des lagunes, seul un relevé phytosociologique sera réalisé tous les 2-3 ans. |
Lagune de Castet Bieilh (Seignosse, 40) Suivi odonates : Oui Restaurée récemment, ces lagunes sont déjà suivies à titre bénévole avec le protocole STELI par Stéphanie Darblade de la Réserve Naturelle Nationale de l’Etang Noir. Le site est favorable à la mise en place du suivi des odonates (présence de L. albifrons). La végétation n’est pas typique des lagunes, seul un relevé phytosociologique sera réalisé tous les 2-3 ans. |
Suivi odonates : Oui Le site est favorable à la mise en place du suivi des odonates (population autochtone de L. albifrons). La végétation n’est pas typique des lagunes, seul un relevé phytosociologique sera réalisé tous les 2-3 ans. |
Suivi odonates : Oui Le site est favorable à la mise en place du suivi des odonates (population autochtone de L. albifrons). La végétation n’est pas typique des lagunes, seul un relevé phytosociologique sera réalisé tous les 2-3 ans. |
Lagune de Quartier Manga (Saint-Paul-lès-Dax, 40) Suivi odonates : A voir Cette lagune est à visiter en 2018 pour évaluer la pertinence de la mise en place de suivis des odonates et de la flore. |
Suivi odonates : Oui Le site est favorable à la mise en place du suivi des odonates (population de L. albifrons et L pectoralis observée sur la lagune) et de la végétation des lagunes. |
Suivi odonates : A voir La lagune semble favorable à la présence de leucorrhines (elle était encore en eau en septembre 2017). La présence d’une des leucorrhines est à vérifier (données recueillies pour l’Atlas des odonates et visite sur le terrain au printemps 2018). Elle est favorable à la mise en place d’un suivi de la végétation des lagunes. |
Suivi odonates : A voir La lagune semble favorable à la présence de leucorrhines (présence d’une zone d’eau libre en septembre 2017). La présence de leucorrhines est à vérifier (données recueillies pour l’Atlas des odonates et visite sur le terrain au printemps 2018). La lagune est favorable à la mise en place d’un suivi de la végétation. La lagune est gérée par l’ONF. |
Suivi odonates : A voir La lagune semble favorable, mais la présence de leucorrhines est à vérifier (données recueillies pour l’Atlas des odonates et visite sur le terrain au printemps 2018). Elle est favorable à la mise en place d’un suivi de la végétation des lagunes. D’autres lagunes sont présentes à proximité de celle visitée en 2017 (notamment une lagune plus grande à 150 m à l’ouest, qui semble contenir plus d’eau à la période sèche). Elles devront être visitées afin de déterminer si l’une d’elles est davantage favorable à la mise en place des suivis. |
Suivi odonates : Oui Après une visite sur le terrain en 2017, le site s’est révélé favorable au suivi des odonates et de la flore. Toutefois, le propriétaire est injoignable (pas de téléphone, courrier envoyé), ce qui n’a pas permis la mise en place du suivi. |
Sites défavorables
Suivi odonates : Oui Le site est favorable à la mise en place de suivis des odonates et de la végétation des lagunes. |
Suivi odonates : Oui En eau en septembre 2017, la lagune ne présente aucune végétation aquatique et une végétation rivulaire très peu développée. |
Suivi odonates : Non Lors de la visite de terrain effectuée en 2017, la lagune semble avoir disparu suite à la construction d’une clôture. |
Suivi odonates : Non En septembre 2017, la lagune est quasiment à sec, et très dégradée par l’activité du gibier (sangliers). |
Suivi odonates : Non Lors de la visite de terrain en septembre 2017, la lagune était à sec. |
Lagune de Lompre (Losse, 40) Suivi odonates : Non La lagune était quasiment à sec lors de la visite de terrain de septembre 2017 (seule une petite pièce d’eau subsistait). |
Lagune de Bouhémy (Solférino, 40) Suivi odonates : ? La lagune se situe dans un domaine de chasse entièrement clôturé. Le CBNSA a contacté le propriétaire qui s’est opposé à une visite de terrain. La mise en place des suivis des odonates et de la flore dans le cadre du programme les sentinelles du climat est donc compromise. |
Suivi odonates : Non La lagune était presque à sec en septembre 2017 (seule une petite pièce d’eau subsistait). |
Suivi odonates : Non Malgré une pièce d’eau toujours présente en août 2017, la présence de carpe, l’absence de végétation aquatique et rivulaire, ainsi que l’eutrophisation de l’eau (probablement liée à la fréquentation de gibiers) rendent la lagune défavorable à la mise en place des suivis dans le cadre du programme les sentinelles du climat. |
Suivi odonates : Non A sec en septembre 2017 (et tous les ans d’après un riverain), la lagune n’est pas favorable pour la mise en place des suivis des odonates et de la flore dans le cadre du programme les sentinelles du climat. |
Suivi odonates : Non La lagune semble artificielle et a été recreusée. Elle était presque à sec en septembre 2017. |
Le tableau suivant récapitule les caractéristiques des sites présélectionnés en 2017 :
Récapitulatif des sites de suivi odonates prospectés en 2017
Au total, parmi les 19 sites proposés en 2018 :
– 10 sites sont favorables pour les critères odonates et floristique ;
– 7 sites sont favorables uniquement pour le critère odonates ;
– 5 sites ont déjà un accord dans le cadre du programme les sentinelles du climat dont seulement 2 avec un accord écrit (convention) ;
– 11 sites nécessitent la mise en place d’une animation foncière pour obtenir un accord en 2018.
Au final, 11 lagunes visitées en 2017 n’ont pas été sélectionnées dans le cadre du programme les sentinelles du climat:
Sites d’études de suivi des odonates ciblés en 2017
Définition et positionnement des points d'échantillonnage
De manière à pouvoir observer les odonates sur la zone d’eau libre et sur les berges, les transects sont placés à la limite terre-eau le long des lagunes, au niveau des secteurs les plus favorables à l’observation des odonates : berges bien exposées et en pente douce, présence d’herbiers aquatiques. Ces secteurs correspondent également aux secteurs de ponte et d’émergence.
Exemple de positionnement d’un transect de suivi
La majorité des lagunes sélectionnées connaissent des variations du niveau d’eau plus ou moins importantes. Afin d’observer un maximum d’espèces et d’individus à chaque passage, le transect sera mobile et suivra le niveau d’eau pour toujours être placé à l’interface eau-berge. La longueur du transect est fixée à 50 mètres. Cette longueur a été fixée en raison de la variabilité de la taille des sites sélectionnés et correspond à la longueur maximale possible sur le site de plus petite surface (Lagune de Moutan, Le Sen dans les Landes). Le nombre de transects sur un site n’est pas limité tant que les transects sont séparés d’une distance d’au moins 100 mètres. Cette distance entre deux transect doit permettre, comme pour le suivi des lépidoptères, de limiter les doubles comptages.
Méthode de relevés et détermination des espèces
Le protocole retenu en 2017 pour le suivi des odonates dans le cadre du programme « les sentinelles du climat » est le Suivi TEmporel des LIbellules (STELI). Ce protocole a été élaboré par l’Office Pour les Insectes et leur Environnement (OPIE) en partenariat avec le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN), le CEN Nord-Pas-de-Calais (CEN NPdC) et la Société Française d’Odonatologie (SFO) dans le cadre du Plan National d’Actions en faveur des Odonates.
Le protocole STELI préconise d’effectuer 9 passages répartis sur trois périodes (avant le 15 juin / entre le 16 juin et le 31 juillet / entre le 1er août et la fin de la saison). La répartition temporelle des relevés sur trois périodes permet de contacter le cortège odonatologique complet de chaque site, prenant en compte à la fois les espèces précoces (leucorrhines, Brachytron pratense, etc.) et les espèces plus tardives (sympétrums, aeschnes, lestes, etc.). Le protocole STELI prévoit également un temps minimum d’inventaire de 30 min et un parcours fixe dont la longueur n’est pas imposée par le protocole (chaque observateur défini la longueur du parcours). Enfin, le relevé des exuvies n’est pas obligatoire.
Quelques adaptations ont été apportées au protocole STELI afin de standardiser davantage la méthode d’échantillonnage des odonates et rendre les résultats exploitables à une échelle plus réduite (au mieux échelle du site) :
– La longueur du transect est fixée à 50 mètres ;
– les exuvies seront collectées une fois par période (début de la saison jusqu’au 15 juin // du 16 juin au 31 juillet // du 1er août à la fin de la saison). Ces trois périodes permettent de récolter les exuvies des espèces qui émergent dès le mois d’avril ( caudalis par exemple) et celles des espèces plus tardives (cas des sympétrums).
– La recherche des exuvies est cadrée pour une durée d’une heure par transect. Cette durée de recherche est basée sur un retour d’expérience issue des phases d’inventaires des populations de leucorrhines réalisées pour le PRA Odonates.
– L’échantillonnage des exuvies sera réalisé sur le même transect que le relevé « imago ». Pour des raisons pratiques, seules les exuvies d’Anisoptères seront collectées et déterminées. Les exuvies de Zygoptères sont beaucoup plus fragiles et délicates à déterminer. De plus, les Zygoptères ont un vol moins puissant et sont plus faciles à attraper, ce qui permet en général de détecter une grande majorité des espèces présentes sur un site, à l’inverse des Anisoptères.
– Toutes les exuvies d’Anisoptères seront collectées sur une bande de 1 mètre le long du plan d’eau (côté berge). La détermination sera réalisée en laboratoire à l’aide d’une loupe binoculaire munie d’un zoom continu (x7 à x45). Afin d’éviter le lessivage des exuvies et permettre la collecte d’un maximum d’échantillons, le relevé des exuvies ne devra pas être effectué après un épisode de forte pluie. La récolte des exuvies permet d’obtenir une image de la population larvaire et d’inventorier des espèces difficilement observables à l’état d’imago, notamment les Anisoptères (capacités de déplacement élevées, caractère territorial pour certains, périodes de maturation des adultes parfois longues ; . Cette information est importante pour évaluer l’évolution d’une population.
– Chaque parcours fait l’objet de relevés des espèces présentes à l’état imaginal (avec effectifs si possible, sinon avec estimation). Les imagos sont déterminés à vue, aux jumelles ou par capture, en fonction des espèces (certaines d’entre elles nécessitent l’examen d’une partie précise de leur anatomie . Les individus indéterminés sont renseignés au genre si possible. Le comportement des individus observés est noté (ponte, tandem, cœur copulatoire, comportement d’appétence sexuelle, etc.).
– Le chronomètre est arrêté si besoin pour permettre la détermination d’un individu capturé, en limitant au maximum la durée de détermination sur le transect (1 à 2 minutes au total). Les individus nécessitant une détermination plus longue pourront être mis en boite et déterminés à la fin du transect.
– Le nombre d’individus sera dénombré précisément jusqu’à 20 puis des classes seront attribuées : de 20 à 50, de 50 à 100, de 100 à 200, plus de 200.
– Les relevés « imagos » seront réalisés avant la collecte des exuvies (une collecte des exuvies précédant le relevé « imagos » perturberait le milieu, entrainant la fuite de certains individus, et biaisant ainsi le relevé).
La détermination des « imagos » est réalisée à l’aide de plusieurs ouvrages :
– Dijkstra-D. B. 2007. Guide des libellules de France et d’Europe. Delachaux & Niestlé, 320 pp.
– Grand & Boudot J.-P. 2006. Les Libellules de France, Belgique et Luxembourg. Mèze, Biotope, 480 pp.
– Wendler, A. & Nuß, J.-H. 1994. Guide d’identification des libellules de France, d’Europe septentrionale et centrale. Société Française d’Odonatologie (SFO), 130 pp.
Les ouvrages suivants seront consultés pour la détermination des exuvies :
– Doucet 2016. Clé de détermination des exuvies des Odonates de France. Société française d’odonatologie, 64 pp.
– Heidemann & Seidenbusch R. 2002. Larves et exuvies des libellules de France et d’Allemagne (sauf de Corse). Bois-d’Arcy, Société française d’Odonatologie, 416 pp.
Les agents de terrain seront munis d’une autorisation de capture (formulaire CERFA 13*616*01 ; demande en cours) puisque tous les sites abritent des espèces protégées (à commencer par les trois leucorrhines : Leucorrhinia albifrons, L. caudalis et L. pectoralis). Cette autorisation est obligatoire pour le prélèvement d’exuvies.
Conditions météorologiques requises
Les conditions météorologiques requises sont les suivantes :
Condition météorologiques requises pour les relevés « imagos » (issu du protocole STELI élaboré par l’OPIE, le MNHN, la SFO et le CEN NPdC ; www.steli.mnhn.fr/)
Nombre de campagnes de relevés
Dans l’attente de l’accord des propriétaires pour mettre en place les stations météorologiques et suite au refus de certains d’entre eux (ou de gestionnaires), seul un site a pu faire l’objet du suivi des odonates en 2017 : la lagune des Layats. Deux passages ont été effectués en août.
L’été 2017 a été dédié à l’évaluation de la potentialité de mise en place du suivi des odonates sur les différents sites proposés par les partenaires techniques du programme « les sentinelles du climat ».
Résultats exploratoires
Les passages réalisés sur un seul site en 2017 ne permettent pas de faire une analyse si ce n’est que, comme attendu au mois d’août, les espèces observées étaient plutôt tardives : Aeshna affinis, Lestes dryas ou Lestes virens entre autre.
Espèces observées en 2017
Discussion
L’année 2017 a permis de préciser les paramètres de choix des sites pour la mise en place du suivi des odonates. En effet, en 2016, l’objectif était de sélectionner des sites favorables à la fois pour le suivi des odonates et pour le suivi de la végétation typique des lagunes (notamment les gazons amphibies).
Par contre, les difficultés à trouver des sites compatibles pour la mise en place conjointe de ces deux suivis (certaines lagunes s’assèchent en fin d’été, d’autres sont dégradées), couplées au refus de certains propriétaires / gestionnaires de réaliser des suivis sur leurs sites, ont conduit à changer les critères de choix. Même s’il aurait été intéressant de disposer des informations concernant les cortèges odonatologiques et floristiques pour toutes les lagunes, les sites retenus pour le suivi des odonates doivent prioritairement être favorables à la présence de libellules et comporter des populations de leucorrhines (elles constituent les espèces sentinelles pour ce groupe).
Les sites défavorables pour le suivi de la végétation feront tout de même l’objet de relevés phytosociologiques tous les deux à trois ans afin de suivre l’évolution des habitats présents. Ce suivi « allégé » permettra d’obtenir des informations minimales mais précises concernant l’évolution de la végétation de la lagune, et vérifier une possible corrélation avec une évolution du cortège d’odonates. La végétation immergée et émergée constitue un habitat de reproduction (ponte des imagos), d’alimentation, de refuge, de croissance et d’émergence pour les larves. Son évolution peut donc influer sur la richesse et la diversité spécifique des odonates recensés.
Un groupe de 19 sites favorables a donc été retenu pour la mise en place des suivis des odonates à partir de 2018. Les négociations foncières seront réalisées entre novembre 2017 et mars 2018 afin de pouvoir commencer les suivis au printemps 2018.
A partir de 2017, les ouvrages suivants seront consultés pour la détermination des exuvies :
– Doucet G. 2016. Clé de détermination des exuvies des Odonates de France. Société française d’odonatologie, 64 pp.
– Heidemann H. & Seidenbusch R. 2002. Larves et exuvies des libellules de France et d’Allemagne (sauf de Corse). Bois-d’Arcy, Société française d’Odonatologie, 416 pp.
Les agents de terrain seront munis d’une autorisation de capture puisque tous les sites abritent des espèces protégées (à commencer par les trois leucorrhines : Leucorrhinia albifrons, L. caudalis et L. pectoralis). Cette autorisation est nécessaire dans la mesure où l’échantillonnage d’exuvies est prévu, et dans le cas de captures d’adultes d’espèces protégées pour détermination en main.
Les relevés des imagos seront organisés selon la méthode proposée par le STELI (en trois sessions) :
– 3 passages avant le 15 juin ;
– 3 passages entre le 15 juin et le 31 juillet ;
– 3 passages entre le 1 août et la fin de la saison (fin septembre).
En parallèle, les exuvies seront échantillonnées à raison d’une collecte par session. Afin d’éviter le lessivage des exuvies et permettre la collecte d’un maximum d’échantillons, le relevé des exuvies ne devra pas être effectué après un épisode de forte pluie.
Cette répartition temporelle des relevés va permettre de contacter le cortège odonatologique complet de chaque site, prenant en compte à la fois les espèces précoces (leucorrhines, Brachytron pratense,…) et les espèces plus tardives (sympétrums, aeschnes, lestes,…).
Une fiche de relevé sera réalisée et mise à disposition des agents de terrain en 2017.
Même si tous les passages n’ont pas été effectués, la campagne de prospection réalisée en 2016 a donc permis des ajustements de fond sur le protocole à mettre en œuvre. Cette première phase a permis également de choisir les sites les plus propices à la mise en place de ces suivis et d’obtenir un réseau de sites cohérent et équitablement réparti sur l’ensemble des Landes de Gascogne.
Le dernier critère de sélection reste la signature d’une convention avec les propriétaires des sites permettant la mise en place des suivis dans le cadre du programme. Le choix définitif des sites sera acté au début de l’année 2017 une fois que tous les sites auront fait l’objet d’une convention.
7.3 Rainette ibérique et Rainette verte
Rédaction : Maud Berroneau, Gaëlle Caublot
Contribution : Julien Jemin
« La plupart des amphibiens se déplacent rarement sur plus de quelques centaines de mètres au cours de leur vie; de nombreux reptiles à la fois terrestres et aquatiques peuvent se déplacer de leur côté sur des centaines de kilomètres. En raison de leur capacité de dispersion plus ou moins limitée, les amphibiens sont des espèces plus vulnérables aux changements rapides des habitats et aux risques d’extinction liés au changement climatique que les oiseaux » . Certains amphibiens de milieux frais semblent fortement menacés par le changement climatique tels que la Rainette ibérique (Hyla molleri) et la Rainette verte (Hyla arborea). Ces deux espèces espèces se reproduisent dans les milieux humides frais.
La Rainette ibérique se retrouve dans le Massif landais, dans les milieux type lagune. En France, elle se cantonne au bassin aquitain. La Rainette verte possède une répartition septentrionale étendue dont la limite sud atteint le Massif central. Leurs habitats préférentiels sont sujets aux perturbations climatiques comme l’assèchement brutal et la modification de la flore représentative des zones humides pour le Massif landais. L’autre hypothèse de l’impact du changement climatique sur la Rainette ibérique est la disparition ou le mouvement de stations remarquables.
La Rainette méridionale (Hyla meridionalis) est une espèce d’affinité méditerranéenne plus thermophile qui pénètre dans certaines lagunes où H. molleri est présente et également sur les sites de présence de la Rainette verte. Le rapport de force entre les deux espèces avec la Rainette méridionale est très certainement lié aux conditions climatiques locales et pourrait évoluer en fonction du changement climatique.
Répartition actuelles et schématisation du rapport de force de la Rainette ibérique, de la Rainette méridionale et en partie de la Rainette verte
Les hypothèses sont les suivantes:
– Extinction locale possible des populations suite à la disparition de stations remarquables,
– Rapport de force en faveur de la Rainette méridionale.
Les objectifs sont de visualiser la tendance évolutive de la répartition et de l’abondance de la Rainette ibérique et de la Rainette verte en lien avec d’éventuelles variations climatiques, mais aussi d’observer l’évolution du rapport de force entre les deux rainettes et la Rainette méridionale.
Sélection des sites
La sélection s’est portée sur des sites présents dans l’aire de répartition de la Rainette ibérique et de la Rainette verte (présence avérée ou non de ces dernières), facilitant la mise en évidence d’éventuels mouvements populationnels. Ces sites sont parfois occupés par la Rainette méridionale ou non, espèce potentiellement compétitrice. Ces sites coïncident autant que possible avec ceux d’autres suivis en milieu humide, notamment avec les sites de suivi du Lézard vivipare.
Au niveau de la terminologie, pour la Rainette ibérique et la Rainette verte, un « site » de suivi correspond à une « lagune ».
12 sites ont ainsi été sélectionnés (7 en Gironde, 4 dans les Landes, et 1 en Lot-et-Garonne) à partir de la répartition connue de la Rainette ibérique et avec une homogénéité de répartition selon un gradient nord-sud, est-ouest :
Situation géographique des sites d’études validés dans la cadre du suivi de la Rainette ibérique
Caractéristiques des sites étudiés dans le cadre des suivis « Rainette ibérique »
Définition et positionnement des points d'échantillonnage
Les points d’échantillonnage se font par lagune identifiée. Il s’agit de points d’écoute autour de la lagune, donc la définition et le positionnement de ces points d’échantillonnages correspondent au tableau précédent.
Exemple de lagune de suivi « Rainette ibérique »
Méthode de relevés et détermination des espèces
Cette étude se base sur un suivi annuel de présence des deux Rainettes sur 12 sites, couplés à des stations météo. L’application du protocole type POP Amphibien (protocole national standardisé – SHF) permettra une estimation fine de la présence ou de l’abondance de chaque espèce, en particulier de la Rainette ibérique. Cette abondance peut être mise en relation avec des facteurs extérieurs (évolution des températures, régime pluviométrique, etc.) et peut être comparée d’une année sur l’autre.
Chaque site est visité 3 fois par an durant la période d’activité des rainettes (passages de préférence entre mars et mai). Les points d’écoutes des mâles chanteurs sont assurés pendant 20 min sur chaque lagune. A la suite des points d’écoutes, différents relevés sont effectués effectués sur les propriétés de la lagune (habitats aquatiques et rivulaires), les autres espèces observées, afin de mettre en évidence à terme des corrélations entre modification de l’habitat dû au changement climatique, colonisation des sites par d’autres espèces aux biotopes différents des espèces cibles et présence/abondance de Rainette ibérique ou Rainette verte selon le site en question.
Conditions météorologiques requises
L’écoute des mâles chanteurs de Rainette s’effectue avec des conditions climatiques particulières :
– visite nocturne (19h30 – 00h30),
– éviter les nuits trop fraiches (gelées) en début de saison (mars-avril),
– éviter les phases de pleine lune et nuits venteuses.
Nombre de campagnes de relevés
Les campagnes de relevés s’effectuent durant la saison de reproduction, de mars à mai.
Fiche de relevé
La récolte de données sera réalisée à l’aide des fiches de relevé standardisées.
Trois fiches de renseignements doivent être remplies pour chaque site et chaque passage. La première fiche « Relevé » renseigne par lagune les observations de l’espèce, les indices de présence pour les trois passages. La deuxième fiche « Descriptif site » permet un descriptif précis de la lagune et de ses alentours pour les trois passages. Enfin, la fiche « Récapitulatif site » liste l’ensemble des lagunes à prospecter.
Fiche Relevé
– Localisation / aide localisation : coordonnées GPS des quatre extrémités de la placette. Il peut également être noté toute remarque facilitant le bon repérage du site.
– Météo :
T° : valeur maximale indiquée par le thermomètre/anémomètre (en degré Celsius).
Vent : valeur maximale indiquée par le thermomètre/anémomètre (en m/s) sur une minute.
Nuage : la couverture nuageuse doit être indiquée selon 5 coefficients (1 ≤ 20% ; 20 % < 2 ≤ 40 % ; 40 % < 3 ≤ 60 % ; 60 % < 4 ≤ 80 % ; 5 > 80 %).
– Nature du contact avec la Rainette ibérique :
Obs chant : nombre d’individus chanteurs différents observés.
Autre : nombre de mues dénombrées (observations directes, pontes, etc.).
– Nature de l’habitat : Description de l’habitat utilisé par les individus (aquatique, rivulaire, etc.).
– Observation d’autres espèces : Rainette méridionale (chanteurs ou non, nombre, etc.) et autres espèces remarquables
Fiche Descriptif site
– Localisation / aide localisation : cf. ci-dessus.
– Date / Observateur : date et nom des observateurs lors des trois passages.
– Position : emplacement de la lagune.
– Strates de végétation : pourcentage et hauteur des différentes strates de végétation au sein du site.
– Nature habitat : présence / absence et nombre des différents abris disponibles pour les Rainette ibérique.
Fiche Récapitulatif site
– Coordonnées GPS : indiquent les quatre extrémités Nord-Ouest, Nord-Est, Sud-Est et Sud-Ouest de la lagune suivie.
– Commentaires : toutes informations permettant de faciliter le repérage de la lagune.
Résultats exploratoires
En 2016, les sites ont été visités et sélectionnés en dehors de la période d’activité de la Rainette ibérique (juillet à septembre) pour des raisons de début de programme à mettre en place (la première saison 2016 a servi pour établir les protocoles de suivis et déterminer les sites à suivre les années suivantes). Aucun relevé selon le protocole précédemment présenté n’avait pu être fait. Ainsi, aucun résultat exploratoire n’avait été rapporté pour 2016.
Pour 2017, une cartographie (figure suivante) représentant le rapport Rainette ibérique / Rainette méridionale observées sur les sites d’études est proposée en ex-Aquitaine. En Limousin, l’année 2017 a consisté à repérer les sites et à la mise en place du protocole.
Les prochaines années permettront d’analyser l’évolution du rapport de force entre la Rainette ibérique et la Rainette méridionale sur les sites d’études. Lorsque cette balance penchera en faveur de la Rainette méridionale (plus de Rainette méridionale que de Rainette ibérique, voir disparition de la Rainette ibérique), cela signifiera que l’habitat et les conditions micro-climatiques (température, hygrométrie) auront été modifiés.
Observations sur la saison 2017 par sites des Rainettes ibériques (vert) et des Rainettes méridionales (orange)
Discussion
Le suivi devra être assuré dans le temps pour produire des indices annuels d’abondance et de répartition pour comparaison sur le long terme.
Les analyses devront porter sur la mise en place d’une méthode efficace permettant de vérifier les corrélations entre l’occurrence/abondance de la Rainette ibérique et la variation climatique des sites (assèchement, modification flore, etc.). Les observations devront également tendre à répondre au deuxième questionnement sur la pénétration possible de la Rainette méridionale au cœur du Massif landais, indicatrice d’un changement du milieu et de son micro-climat.
Un projet est en réflexion avec le CNRS de Chizé pour mettre en lien les changements climatiques et les réponses des populations de Rainette ibérique via l’équipement des sites de micro-sondes au niveau du sol et des micro-habitats inféodés à cette espèce. L’approche par modélisation apportera également des informations sur les tendances évolutives de ces populations.