Introduction
Lézard vivipare
1 Suivis naturalistes
Le lézard vivipare est une espèce à affinité climatique froide et particulièrement vulnérable face au réchauffement climatique . Abondante en altitude, l’espèce est beaucoup plus rare en plaine où elle est principalement observée au sein de milieux de landes humides . Le changement climatique pourrait impacter fortement l’espèce sur ce dernier type d’habitat, et notamment la réussite de sa reproduction. Afin d’étudier les relations entre changement climatique, modification de niche écologique et dynamique de population de lézards vivipares, des suivis naturalistes sont mis en place en premier lieu.
Depuis 2017, des suivis naturalistes sont menés sur les reliques de landes humides du Massif landais et du plateau Limousin afin de vérifier deux hypothèses de l’impact du changement climatique sur le Lézard vivipare de plaine :
- Hypothèse 1 : extinction locale possible des populations suite à la disparition de stations remarquables en plaine
- Hypothèse 2 : une entrée progressive du Lézard des murailles indiquant une modification microclimatique des sites et un remplacement possible entre « Lézards gris »
L’objectif des suivis naturalistes est par conséquent d’obtenir des tendances évolutives de l’occurrence du Lézard vivipare en lien avec d’éventuelles variations climatiques sur différents sites témoins du massif landais mais également des zones humides de basse altitude et des tourbières des plateaux limousins.
2 Axes de recherche
L’un des enjeux majeurs en écologie est de comprendre la répartition et l’abondance des organismes dans l’espace et dans le temps . Cette problématique est au cœur des préoccupations actuelles de nos sociétés faisant face au changement climatique et à l’érosion de la biodiversité . Afin d’évaluer l’impact des perturbations du climat sur la biodiversité, il est nécessaire de connaitre les réponses des espèces tout en prenant en compte leur sensibilité propre. La répartition peut donc se définir comme étant le résultat d’une réponse dynamique d’une espèce face à un environnement donné .
Dans ce contexte il est important :
- D’identifier les paramètres physiologiques proximaux qui sous-tendent les adaptations climatiques,
- De comprendre les déterminants de l’activité dans les sites sentinelles et l’influence des contraintes météorologiques
- D’examiner les aspects historiques qui peuvent expliquer les distributions actuelles,
- D’explorer les déterminants climatiques de la répartition et de l’importance des gradients environnementaux.
Les relations fonctionnelles entre la physiologie des espèces et leurs traits de vie apportent des éléments de compréhension sur les réponses des organismes face aux variations spatiales et temporelles de leur environnement. C’est l’intérêt des approches expérimentale et de modélisations corrélatives qui permettent de tester l’impact de facteurs proximaux sur la persistance locale des organismes ou la répartition d’une espèce. Parallèlement, il est essentiel de comprendre les facteurs historiques qui ont façonné la distribution actuelle des espèces. L’existence de deux modes de reproduction (formes ovipares et vivipares) est aussi une composante unique à considérer pour tester la sensibilité aux changements climatiques .
Trois axes de recherches complémentaires ont été développés sur les deux formes (ovipares et vivipares) de Zootoca :
Étude de la forme ovipare (vivipara louislantzi)
– Suivi naturaliste de l’évolution des populations de plaine
– Etude génétique comparative à l’échelle de la répartition de plaine et d’altitude
– Etude physiologique comparative à l’échelle de la répartition de plaine et d’altitude
Étude de la forme vivipare (Z.vivipara vivipara)
– Suivi naturaliste de l’évolution des populations du plateau limousin
– Etude expérimentale des conditions thermiques et hydriques de la gestation
Comparaisons entre formes
– Comparaison de la sensibilité aux pertes hydriques entre espèce et en comparaison avec le Lézard des murailles, moins vulnérables
– Modélisations corrélative de la répartition en Nouvelle Aquitaine
Le programme les sentinelles du climat a eu un rôle clé en permettant de regrouper plusieurs équipes avec une importante expertise sur le Lézard vivipare. Les travaux de recherche réalisés sur les lézards vivipares dans le cadre du programme les sentinelles du climat s’inscrivent dans une démarche collaborative avec plusieurs partenaires : le CNRS de Chizé (Olivier Lourdais, Michaël Guillon), le CEREEP Ecotron (Jean-François Le Galliard, Andréaz Dupoué, Chloé Chabaud, ANR Aquatherm), le SETE Moulis (Andréaz Dupoué, programme Ectopyr). Une attention particulière a été portée sur les populations reliques de plaine de Nouvelle Aquitaine supposée très sensibles aux aléas météorologiques et modifications de leur milieu.