Lézard vivipare

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Description

Lézard vivipare © M.Berroneau

Le lézard vivipare vit dans des milieux plus humides que les autres lézards « gris » (lézards de montagne et lézard des murailles).
C’est un lézard des milieux froids et frais. Il est présent jusqu’en Norvège. Mais il n’est pas du tout présent dans les zones méditerranéennes. Il est en limite sud-ouest de répartition en région Nouvelle-Aquitaine, où il se rencontre dans les landes humides et les tourbières du plateau landais, et en montagne.

Ectotherme, sa physiologie et sa distribution dépendent de la température extérieure. Il présente la particularité d’adapter le développement de ses œufs aux conditions climatiques : dans les régions les plus septentrionales, jusqu’en Dordogne, la femelle donne naissance à de petits lézards (les œufs se développent dans le tractus génital des femelles). Dans les Landes et dans les Pyrénées, elle pond des œufs. Découvrez les deux formes de reproduction de ce lézard dans la vidéo suivante.

Description de la vidéo

Dans les grands espaces sauvages du Limousin une équipe du programme sentinelles scrute les recoins d’une immense tourbière. Un reptile atypique y vit : le lézard vivipare.
Comme son nom l’indique, les femelles de cette espèce mettent bas des jeunes. Ce mode de reproduction est une adaptation ancienne au climat froid. Cette stratégie de reproduction a été adoptée partout dans le monde. Partout… sauf dans le Sud-Ouest de l’Europe.
C’est au cœur du massif landais qu’une seconde équipe étudie d’étonnantes populations. Elles sont en réalité ovipares. Eh oui ! Ici les femelles pondent des œufs.

Intervention de Maud Berroneau : « Étudier ces populations permet de comprendre leur fonctionnement et de voir les effets des changements climatiques ou d’habitats sur ce mode de reproduction. »

Si le lézard vivipare et ses œufs ont besoin d’une forte humidité, son cousin des murailles, plus commun, s’adapte bien aux épisodes de sécheresse. Les données récoltées lors des 1ères années de suivi sont, à ce titre, très intéressantes. En 2018, Maud a observé bien plus de lézards vivipares que lézards des murailles. En revanche, les observations de 2017, année particulièrement chaude et sèche indiquent une proportion importante de lézards des murailles. Les uns et les autres n’apparaissent ou ne disparaissent pas par magie. Il faut comprendre que l’une ou l’autre des espèces est plus ou moins active. Elles désertent ou non les placettes de suivi en fonction des données météorologiques. A long terme, on peut imaginer que ces différences interannuelles auront des conséquences.
Comment les lézards vivipares et leurs œufs vont-ils pouvoir évoluer dans ces landes humides soumises de plus en plus à la sécheresse ? La viviparité adoptée par des populations du Limousin sera t-elle toujours une stratégie adaptée ? Les données de terrain mêlées aux expériences en laboratoire pourront peut-être un jour élucider le mystère planant sur ces lézards.


Effets possibles du changement climatique

La hausse des températures et les modifications des conditions hydriques liées au changement climatique pourraient être défavorables au lézard vivipare dans les plaines du sud de la Nouvelle Aquitaine. Quelle sera l’évolution des populations de lézard vivipare ?


Suivis scientifiques

Description de la vidéo

Voici l’histoire naturelle d’un lézard pas comme les autres : le lézard vivipare. Au contraire de ses cousins qui aiment lézarder
au sec, il recherche la fraîcheur et l’humidité. Présents du nord de l’Europe jusqu’au Japon, ils se retrouvent également dans le Sud-Ouest, dans les Pyrénées. Bien plus étonnant, en plaine, quelques populations éparses persistent. Les zones humides des Landes offrent des refuges suffisamment frais pour ces populations relictuelles. Contrairement aux autres vivipares présent dans le nord de l’Europe ces lézards ont la particularité de pondre des œufs.
Maud, la gardienne de ces lieux, suit grâce à un protocole précis les effectifs des lézards vivipares présents sur une dizaine de stations.
Le réchauffement climatique pourrait mettre en péril ces lézards car ils sont tributaires d’un taux d’humidité élevé et,ce, au profit d’un cousin beaucoup moins exigeant : le lézard des murailles.

Le lézard vivipare interroge de nombreux scientifiques, tant sur son passé que sur son avenir. Maud a invité aujourd’hui plusieurs d’entre eux : Andréas Dupouey du CNRS de Moulis travaille sur les populations des Pyrénées. Olivier Lourdais est chercheur au CNRS de Chizé où il réalise des expériences en laboratoire. C’est la première fois qu’ils entrent en contact avec cette population de plaine.

Intervention d’Olivier Lourdais : « Ces populations qui sont isolées n’étaient pas vraiment connues. Elles étaient bien répertoriées par Cistude Nature mais sont vraiment des populations reliques. »

Aujourd’hui, Andréas forme Maud au prélèvement de salive sur ces lézards. Une technique visant à prélever de l’ADN de façon peu invasive. En comparant cet ADN à celui des populations pyrénéennes il pourra obtenir des précisions sur l’histoire évolutive de ces animaux.

Le lézard vivipare nous réserve encore bien des surprises. La dynamique qu’il génère autour de lui est tout à fait passionnante. Face au défi climatique, les scientifiques ont décidé de mettre en commun leurs études et leurs découvertes pour permettre une évaluation pointue et rapide de la connaissance sur cette espèce en proie à des bouleversements sans précédent.

Suivis de terrain

Cistude Nature met en place des suivis de la répartition et l’abondance du lézard vivipare. Le protocole utilisé est un protocole national, nommé POPReptiles. Plusieurs transects feront l’objet de comptages tout au long du programme sur une dizaine de sites répartis sur le plateau landais. Chaque transect est visité 3 fois par an pendant la période de reproduction de l’espèce.

Études expérimentales

En parallèle, des études en laboratoire sont réalisées par le CNRS de Chizé afin d’étudier les formes ovipares et vivipares de ce lézard et de comparer leurs sensibilités réciproques aux pertes hydriques en contexte de forte chaleur et de sécheresse.

La vidéo suivante vous présente une des études expérimentales réalisées, soit l’effet des conditions extérieures sur le succès de la reproduction de la forme vivipare.

Description de la vidéo

Images d’un lézard vivipare posé dans une main gantée. Cette femelle de lézard vivipare a quelques chose à nous dire.

Intervention d’Olivier Lourdais, en train de faire une échographie à une femelle de lézard vivipare gestante : « Les autres mouvements, c’est la respiration de la mère. Là, c’est le battement cardiaque du petit. »

Si Olivier s’intéresse à la gestation chez les lézards vivipares, c’est qu’à cette période critique, les femelles sont particulièrement tributaires du taux d’humidité environnant.

Intervention d’Olivier Lourdais : « Une femelle va avoir 7 à 12 embryons. Ils ont déjà tout le jaune pour se développer comme dans un jaune d’œuf. Par contre, l’eau est entièrement fournie par la mère. Ce jaune-là est fait de produits, de lipides qui sont très gras mais très pauvres en eau. Pour pouvoir les mobiliser, il faut des quantités d’eau importantes. Nos prédictions c’est que des épisodes climatiques extrêmes, épisode chaud associé à la sécheresse notamment en été, période de gestation pour ce type d’espèce, sont probablement les zones de sensibilité les plus extrêmes. »

Pour mieux comprendre l’impact du climat sur la gestation, l’équipe de chercheurs a capturé une trentaine de femelles gravides qu’ils ont répartis dans quatre enceintes climatiques différentes. Animation représentant 4 conditions climatiques différentes : chaud et sec / chaud et humide / frais et sec / frais et humide, correspondant aux conditions des 4 enceintes de l’expérience.
Elles donneront naissance à plusieurs jeunes quelques semaines plus tard. Suite aux naissances, les chercheurs entament une série d’expériences pour calculer la performance physique des jeunes. Soumis à une stimulation continue, le jeune lézard entame une course. Trois données sont alors scrupuleusement enregistrées : la durée de son premier sprint, le nombre d’arrêt qu’il effectue durant sa course, la durée totale de sa course.

Intervention d’Olivier Lourdais : « Les premières semaines de vie d’un bébé lézard vivipare, vont être déterminantes de sa trajectoire de vie ultérieure. Ça va être la quantité de ressources qui va pouvoir acquérir. Il fait 120 mg à la naissance, il est minuscule. Donc le succès est dépendant des tous premiers jours. Il se pourrait que les jeunes soient comparables à l’oeil à la naissance mais avec des différences de performances très marquées. »

Une fois les expériences terminées, les femelles et leurs petits retrouveront leur liberté. L’étude pourra peut-être démontrer le lien étroit entre le réchauffement climatique et la survie des jeunes. Pour cela, les chercheurs auront de longues journées à passer pour traiter les milliers de données accumulées.